Arnaud Saint-Martin
Chargé de recherche au CNRS, Laboratoire Printemps (CNRS, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines), & chercheur associé au GSPR.
arnaud.saint-martin@uvsq.fr
Note critique sur Fabio La Rocca, La ville dans tous ses états, Paris, CNRS Editions, 2013.
Hype City, Second City, Mega-city, Sin City… Passée au filtre de la « sociologie de l’imaginaire », l’« expérience urbaine postmoderne » est le prétexte de bien des débordements interprétatifs. Avec La ville dans tous ses états, ouvrage issu de sa thèse, Fabio La Rocca prolonge sur le monde-de-la-ville de l’« homo postmodernus » la pensée de son maître-professeur, Michel Maffesoli. On n’est pas déçu du voyage.
Après avoir lu la préface coupée/collée du directeur de thèse, on est aussitôt frappé par la continuité de vue qui s’énonce dans le reste du livre. L’essai est le décalque presque parfait, jusque dans le style et les tics cognitifs, de ce qu’écrit Maffesoli depuis maintenant plus de quarante ans. Mais comme Fabio La Rocca signe seul, il s’efforce de faire montre d’initiative. Son originalité vient d’abord du choix des thèmes. Parce que Maffesoli ne peut pas tout étudier, quand bien même il est prolixe et cause sur tout, la ville livre quelques boulevards pour son élève. L’originalité résulte aussi, et surtout, de l’« approche climatologique » de l’« atmosphère » des villes actuelles. On ne sait d’où (au feeling peut-être), la climatologie lui a fourni une analogie suggestive ; il la saupoudre à chaque page, sans jamais en spécifier la portée analytique ni les propriétés. En guise de protocole d’enquête, on découvrira que l’approche climatologique « repose sur des observations sur des paramètres et autres variables caractérisant la ville comme la “température sociale”, le “vent culturel”, les “précipitations culturelles” et les “nuages esthétiques” » (p. 29). Cette idée stratosphérique fait corps avec le désir du sociologue d’inhaler l’« air du temps ». En résumé : respirer, renifler le monde, comme a l’habitude de dire Maffesoli. Et aussi s’inspirer d’une foule de penseurs tutélaires : quelques esthètes de « la » ville (Baudelaire, Benjamin, Baudrillard), des philosophes déterritorialisés (Heidegger, Corbin1, Deleuze, Vattimo, Virilio, Sloterdjik) et les socio-anthropologues imaginaires (Durand, Maffesoli). La sociologie, elle, est livrée à la portion congrue.
Quoique sur son nuage, Fabio La Rocca se donne une méthode de recueil. Dans l’introduction, il précise qu’il s’agit de « s’immerger dans les rues de la ville pour découvrir les ambiances, sentir les émotions, restituer une vision de notre expérience déambulatrice » (p. 15). Contre les peine-à-jouir de la sociologie urbaine académique, il clame son « amour pour la ville », la nécessité d’une « immersion totale » (p. 15) et d’un « nomadisme expérientiel » (p. 17). Comment procède-t-il, concrètement ? Eh bien, il se balade et regarde des films. En annexes, une liste interminable de films en lien plus ou moins avéré avec son sujet fait office de matériau immersif. À intervalles réguliers il cite tel ou tel film, joue sur d’éventuelles connivences avec son lecteur, et tente ainsi de poser la ville comme « personnage cinématographique » (p. 118). Le truc ne marche pas toujours et les citations sont en général attendues ou tombent sous le sens. Par exemple, il fait de Blade Runner, de Ridley Scott (1982), l’« expression formelle » de la « ville postmoderne » (p. 65). La projection de la métaphore de la « Bladerunnerisation » explique tout, elle est supposée faire sens ici et maintenant, pour tout le monde, mais cesse d’être mise au travail après quelques envolées descriptives. Tant pis, tant mieux.
Mais là n’est pas la grande novation. Ce qu’il veut fonder, c’est le « programme épistémologique » d’une « sociologie visuelle » (p. 17-18). Les films ne lui suffisent pas. Entre deux références cinématographiques citées à la va-vite, le « sociologue photographe » propose de déployer une « science postmoderne » par la force de ses clichés en noir et blanc. Au fil du texte, il incruste en effet des photos. Il ne démontre rien, il montre. Et sa vision est très généreuse puisque, nous le voyons en creux, il nous inclut, je veux dire nous, nous et notre vision, dans tous les flux de son expérience singulière de la ville. Pour l’auteur, qui a l’œil et sait dire « notre » monde, il va de soi que tout ce qu’il voit fait sens pour d’autres que lui ; il est évident que tout ce qu’il photographie peut l’être par n’importe quel photographe — vertige du panoptisme. Pour qui consent à se laisser balader, La ville dans tous ses états doit opérer à la manière d’une « invitation » au « voyage », une « aventure » sensible dans la « ville poétique » (sic). Entre le guide vert, le city guide (p. 175) et la photographie Pour les Nuls, le livre propose ainsi une balade dans les espaces de contemplation qui veulent bien se donner au regard du sociologue-flâneur. Lorsqu’il cesse les déclarations grandiloquentes sur l’« épistémologie » de la vision, l’auteur ne cache jamais qu’il est sidéré par ce qu’il observe. Car il jubile et s’extasie. Il prend tout pour argent comptant, trie à peine dans ce qu’il a vu, pressé qu’il est de plaquer du sens. Comme si le moment de l’analyse à froid avait quelque-chose de malséant, il multiplie les intuitions et les slogans définitifs. Les photos sont parsemées dans le texte pour donner à voir. Elles imposent leur évidence et se passent presque de commentaire. Mais pour le lecteur qui ne verrait pas, les légendes qui les accompagnent condensent ce qu’il fallait montrer. Parmi la quarantaine de photos, un vague plan d’une pelouse de la Défense (Figure 4), sur laquelle les foules se reposent, entre les gratte-ciels, est affublé de l’énigmatique légende « urbanité multiforme » (p. 173). Soit, on n’est pas sûr de voir. L’obélisque de Théodose, à Istanbul, est une « curiosité chaotique » (p. 178), l’attraction touristique d’un « espace totémique ». C’est haut, c’est droit, les gens tournent autour : mais bien sûr, c’est un totem ! Révélation fracassante de l’observation ramenée au cliché et de l’arbitraire dans l’attribution de sens. Peu importe les cadrages hasardeux (le sociologue photographe est sociologue avant tout), l’essentiel est d’édifier la perception du lecteur par des légendes cryptées et pompeuses, qui frôlent parfois le ridicule : Figure 26, « Dispositif humain — Sao Paulo » (p. 234, N.d.t. : un homme porte un panneau publicitaire dans la rue) ; Figure 40, « Interaction technologique » (p. 286, N.d.t. : un homme utilise son ordinateur portable dans la rue, adossé à un mur couvert d’une publicité Sony). Traducteur de la « connaissance ordinaire », le sociologue fait en effet un usage très ordinaire du médium photographique, et mine peu à peu les prétentions « épistémologiques » de sa « sociologie visuelle » : avec ou sans photos, on ne voit pas mieux.
Entrons davantage dans l’interprétation « climatologique », puisque c’est le cœur de cette approche. On est frappé par la manière dont Fabio La Rocca caractérise la ville. Il se livre à une réification de cette entité présente de toute éternité. Il en cherche les essences, les archétypes et les traits plus actuels. En-deçà de la prétention à l’objectivité scientifique s’épanouit un animisme très imaginatif. Par exemple, l’étude de l’architecture est prétexte à digression sur l’apparence des bâtiments. Pour cette « cosmétique de l’architecture », la ville prend soin d’elle-même, elle s’aime et sait se faire aimer (p. 37) par la grâce de ses enjolivures architecturales. Charmé, le « specta(c)teur » (sic) la trouve « sexy » (p. 38). Il fond devant l’« érotisme architectural » du centre Beaubourg (p. 38) ou le vide immanent du strip de Las Vegas (p. 41). Il sent de l’élan vital, une « relation érotique entre le corps humain et le corps de la ville » (p. 64). De l’énergie vitale, « orgonique » (dixit W. Reich, p. 195), à tous les étages. Fabio La Rocca est impressionné, il s’étonne de ce qu’il voit ; il voit de la sexualité et de la religiosité partout. La tour Swiss-Re de Londres, entre le cornichon et le phallus (p. 56), suscite de beaux épanchements. Il est transi par la « religiosité de la hauteur », qui tire notre regard vers une « divinité du haut » (p. 74). Délaissant la métaphore du climat, il veut montrer la profondeur d’une « psychogéographie » (p. 20), révélant les « effets précis du milieu géographique sur le comportement affectifs des individus » (p. 194). Dans ce corps-à-corps qui le saisit personnellement, il n’y a pas de place pour le clair-obscur ou l’équivoque : tout est fusionnel, plein, transparent, extatique, saturé de la béatitude de l’être-au-monde singulier qu’offre l’« être-ville » (p. 25).
Pourtant supposée attentive à l’hétérogénéité de l’expérience urbaine, la climatologie est extraordinairement réductrice. L’ontologie du monde social que l’auteur développe à la hache nivèle et homogénéise pour aboutir à une vision fort simple de la « ville postmoderne ». Dans la perspective d’un « situationnisme généralisé » (p. 121), tout est bon, tout est beau. On le suit sur cette pente, entre Las Vegas, Londres, Dubaï, Paris, Grenoble ou Montpellier. On ne sait jamais s’il s’est bel et bien rendu dans ces villes, comment il a constitué son protocole d’observation et préparé ses voyages, mais peu importe : il en parle. Et il s’émerveille à chaque instant. Entre autres sources d’excitation visuelle : Val d’Europe à Marne-la-Vallée, splendide disneyification de l’urbanité, source d’une « expérience sensorielle » (p. 53). L’architecture, toujours, « nous procure ici un sentiment de puissance et d’agrément ». Le lecteur est ainsi convié dans la boîte de Pandore des fantasmes projectifs du sociologue, qui s’expose en « nous » de majesté. L’« hédonisme architectural » (p. 28) n’est plus la rhétorique de justification spontanée des designers et des urbanistes à la mode, c’est l’occasion de verser dans un esthétisme hype. Au-delà de la « cosmétique », il voit aussi de la fête et de la jubilation partout. Tout est fluide, inventif. Il impute des intentions latentes à tout ce qui bouge. Par exemple, les « tribus » du skate le pratiquent « dans l’intention d’agencer l’espace et de lui donner une autre signification et une nouvelle vitalité » (p. 189). De même les graffeurs apprendront-ils que le graffiti « peut assumer la forme d’une manifestation de l’être-au-monde » (p. 250). Une ou deux photos en complément de ces interprétations à l’emporte-pièce confortent ces « vues ».
La transe redouble d’intensité face à la prolifération des images dans la ville. Fabio La Rocca y perçoit une forme de religiosité (p. 202). Et là aussi, c’est très inclusif : « Nous nous trouvons dans une position de mise en relation avec cette sollicitation visuelle comme jamais auparavant, sollicitation apte à exercer un pouvoir de fascination, d’attraction, mais aussi de répulsion. » (p. 203). Tout est dit, tout et son contraire (selon la logique du « contradictoriel » chère à Maffesoli), tout est empaqueté dans une formule herméneutique renversante, qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler les tics surinterprétatifs d’une Elizabeth Teissier2. Mais ce qui surprend, intrigue et peu à peu exaspère, c’est cette insistance dans la confirmation d’une vision du monde. La sociologie visuelle est myope dès lors qu’elle quitte les grands boulevards. S’il existe des « zones de “non droit” » dans la ville, soit un « spectacle de la décadence postindustrielle » (p. 67), l’observateur ne s’y risque guère. Les « superlieux » (p. 80) (musées, parcs ludiques, cinémas multiplexes…) ont sa faveur. Il peut y contempler l’« industrialisation de l’imaginaire » (p. 44). Il observe ses contemporains errer dans la « jouissance oculaire », le bonheur de « dépenser son temps social » (p. 85) dans les malls et les attracteurs de devises. Lorsqu’il regarde un centre commercial, il ne voit que les consommateurs, le lèche-vitrine, les marques, les « totems » consuméristes, et oblitère les coulisses, l’arrière-plan, celui des petites mains qui travaillent dans l’ombre à la fabrication de ce « spectacle ». Comme n’importe quel touriste, l’appareil photo à la main, il avance bouche bée dans Manhattan, dévoré par les murs de publicité et les écrans géants de Times Square (p. 210). Les publicités qui s’affichent dans les rues sont sa boussole, et il est assez hardi pour anthropologiser « notre » rapport à celles-ci : « un dispositif avec un effet socioculturel et économique qui colore les espaces de nos villes en entrant en symbiose avec la nature humaine ». (p. 230) Que ces propos émanent d’un communicant ou d’un « tendanceur » ne choquerait sans doute pas, comme c’est leur commerce ; mais qu’un sociologue s’y complaise sans distance critique, c’est en revanche inquiétant.
« La rue (…) est un espace collectif, un lieu d’activité et de rencontre » (p. 187). Cette ville-là est dépolitisée, sans État, seulement agitée par la pulsion de « consumation » et la dépense. Pas de manifestations, pas d’occupy ni d’émeutes (ou alors les jours de soldes), on s’y promène pour jouir. Point de pollution ni de congestion dans les villes-monde, on y respire bien. Pas de ségrégation socio-spatiale, pas de gated communities ni de heurts entre les populations, l’homo ludens se font dans une masse harmonieusement distribuée dans l’espace. Tout cela est hors-champ, hors de portée de l’objectif. Disons-le plus directement : le titre est trompeur. La ville est décrite dans un seul état, celui de l’extase collective et de la jouissance dans la ville-supermarché. L’auteur veut « penser avec les sens », mais il le fait à sens unique. Bombardé par les stimuli de la « ville postmoderne », il fait correspondre l’espace urbain et son cerveau, le cityscape et son mindscape. Il prend ses désirs pour nos réalités. Il vit dans un monde virtuel et accentue la déconnexion en se projetant dans la Second City numérique, laquelle configurerait une expérience « augmentée » de l’urbain, par infiltration de cyber-technologies.
Tellement caricatural lorsqu’il réduit LA ville actuelle, l’argumentaire frôle le non-sens lorsqu’il est question des populations qui en font l’« expérience » ou y demeurent. Un seul exemple de la manière dont il honore la tâche de description des groupes sociaux, sa caractérisation du « bobo », en italique (p. 147), c’est-à-dire « l’homme en condition postmoderne ». Délaissant la climatologie pour s’adonner à l’entomologie, il découvre une nouvelle espèce dans l’écosystème urbain, et s’emploie à en examiner les comportements. On est convié à « Boboland » (!), en référence au titre d’une « pertinente Bande-dessinée », Bienvenu à Boboland (p. 152). L’auteur nous emmène dans quelques arrondissements branchés et gentrifiés de Paris intra-muros (la banlieue, c’est loin) et se plaît à sociologiser les caricatures journalistiques et les critiques réac du « festivisme » d’un Philippe Muray. Sur les cimes de la « pensée », il se laisse aller à des emboîtements herméneutiques qui défriseront les Heideggeriens : tenez, les « fameux Vélib’ » parisiens sont « une des figures emblématiques de l’esprit bobo » (p. 156) et les « bobos [constituent des] figures emblématiques du Dasein contemporain » (p. 154). On retrouve ces êtres-las « boboïsés » dans l’ivresse des « hyperfêtes » supposées iconiques, comme la Nuit Blanche à Paris (p. 125), ou à Paris-Plage (p. 137). Laborieux et péremptoire, le sociologue érige ses intuitions en platitudes épochales. C’est lourd et ça ne souffre pas la contradiction — et pour cause, l’« argument » avance sans preuve ni administration de la preuve. En le lisant, on se dit que la sociologie n’en aura donc pas fini de « clore l’ère des généralités » (Durkheim, décidément trop optimiste à l’orée du 20e siècle).
Comme l’indique le sous-titre de La ville dans tous ses états, c’est une « réflexion sociologique et anthropologique sur l’imaginaire urbain » que Fabio La Rocca propose. « À sa façon » (qui n’est en réalité pas la sienne), il « s’interroge sur la signification » de la ville et il « médite » (p. 200). Il s’exécute après « immersion totale », à partir d’expériences fugaces et de quelques photos supposées figurer de lourdes significations « imaginales ». « À bien des égards », comme dit Maffesoli, cette prose malhabile est donc une « figure emblématique » de la Lebenswelt de la socio-anthropologie de l’imaginaire, qui se donne en spectacle et se voudrait hype. C’est, en effet, une projection fantasmatique qui a le chic de s’assumer comme telle. « To be hype or not to be hype », dilemme de cette « tragico-comédie post-humaine » (p. 161) à valence vaguement sociologique qui toujours réapparaît. Lire pour comprendre la situation épistémologique de la « sociologie de l’imaginaire », en s’efforçant de passer outre l’ambivalence fascination-rejet que celle-ci ne manque pas de susciter chez les sociologues sceptiques : telle fut, en toute honnêteté et charité herméneutique, ma démarche — au départ. Voir comment progressent les collègues du Centre d’Études sur l’Actuel et le Quotidien et des laboratoires où le virus incube depuis si longtemps maintenant, ne serait-ce que pour en observer les modes de contagion. Depuis mes années d’étude passées à l’université Paris 5 entre 1999 et 2002, durant lesquelles j’ai été familiarisé au verbe maffesolien puis consterné par l’« affaire Teissier » en 2001, j’avais suivi de loin les déambulations de cette subculture académique tellement visible dans les médias hype. Plus de dix ans plus tard, l’étonnement est grand de n’être absolument pas étonné. La pensée de Maffesoli continue d’exercer une formidable séduction sur ses épigones. Magie de la « reliance » ! Contaminés dans la joie, ils propagent la bonne parole partout où ils le peuvent. Business as usual : ils usent des mêmes slogans oxymoriques qui font le marque de l’auteur de Sarkologies (2011), des hyperboles suggestives sur le devenir de la postmodernité, des typifications ontologiques à la louche, des allégories ésotériques sur les « tendances » urbaines (qui se vendent bien), ils s’appliquent à répéter les mêmes lieux communs avec des micro-variations thématiques3. De numéros de la revue Sociétés (entre autres : « Sensibilités métropolitaines », n° 1/2013, dirigé par La Rocca) en « dérives » dans les Cahiers européens de l’imaginaire, jusque dans les nombreux livres publiés avec une belle constance par les Éditions du CNRS, la tribu déverse ses diagnostics prévisibles et (hélas) rarement contredits. Puisque les critiques sont semble-t-il fatigués et la raison sociologique n’a pas/plus prise sur cette libido sciendi, les sociologues déambulateurs ont tout loisir de poursuivre leurs activités dans l’indifférence. À quoi bon s’en alarmer après tout, puisqu’ils persévèrent dans leur être-ensemble, dans-tous-leurs-états et sous les dehors de la « science postmoderne » et de la sociologie. Anything goes. Ainsi, ils continuent de faire la publicité de leur expertise (publicitaire) sur l’« essentialité » de l’« air du temps » : soit, comme le souligne Fabio La Rocca à propos de l’ubiquité de l’affichage publicitaire, un pur « remplissage de vide » (p. 240). Jusqu’au jour où, espérons-le, ce prêt-à-panser la société de consommation se démonétisera sur le marché des biens de salut.
- Henry le métaphysicien du « monde imaginal », et non pas Alain, l’historien, comme l’écrit imprudemment l’auteur (p. 218).
- Le titre de la thèse en était, rappelons-le, Situation épistémologique de l’astrologie à travers l’ambivalence fascination-rejet dans les sociétés postmodernes (soutenue en 2001).
- Répétition avec variation : on le sait depuis les études de Merton et Lazarsfeld, c’est une des recettes du discours de propagande.